Il est dit que sur ce site échouèrent Marie Jacobé, Marie Salomé et Sara, leur servante, chrétiennes fuyant sur une barque les persécutions. Pas étonnant que la commune des Saintes-Marie-de-la-Mer soit devenue ce haut lieu de pèlerinage. Plus que de folklore ce sont les traditions dont on parle ici. Bien vivaces, hautes en couleurs, en émotions, en spiritualité et toujours, toujours, accompagnées de musique. Pour le comprendre, il faut venir au moins une fois dans sa vie fin mai pour assister, en spectateur ébahi au plus sacré sinon au plus célèbre des pèlerinages . Par milliers, venus de toute l'Europe, tziganes, roms, manouches viennent révérer les deux Marie, mais surtout leur sainte patronne, Sara. Après les messes, après les processions viennent les festivités : on danse le flamenco, violonistes et guitaristes s'affrontent dans d'inoffensives mais époustouflantes joutes musicales, spectacles équestres, corridas. c'est étourdissant de réjouissances. Les Saintes-Maries, c'est aussi ce joli village , qui disperse, à l'ombre de sa superbe église, une forteresse à nef unique, des venelles aux pavés usés par les ans, un vieil hôtel de ville et ces toits de tuiles qui rosissent au soleil. Les Saintes-Maries, porte d'entrée de la Camargue, ces terres tout en étangs et salins, mais aussi en sansouïres stériles et monotones ; habitée de flamands roses et de hérons pourprés, de taureaux et de chevaux bien sûr. Cette Camargue, où s'éparpillent des manades, ces élevages, parfois très impressionnants, de taureaux, de bœufs, de chevaux. On ne se lasse pas du spectacle de ces gardians, cavaliers hors pair. Çà et là, de drôles de juxtapositions géométriques qui scintillent au soleil : les maisons des berges et des pêcheurs, dont l'abside tourne astucieusement le dos au mistral, sont blanchies à la chaux. Et puis, bien sûr, il y a les plages. Celles des Arènes et des Amphores, très fréquentées bien sûr, mais familiales. Et puis il y a celle de l'Est, accessible à pied : plus on s'éloigne de la guide, et plus sauvage elle devient. D'ailleurs, il n'est pas rare d'y croiser des naturistes.