Érigée au milieu des marécages, Épernay, c'est d'abord la Gaule celtique. Vaincue par les Francs, cédée à Saint-Rémi, otage de monarques, assiégée, ravagée, propriété des comtes de Champagne, rattachée au royaume de France, elle a encore dû subir les affres des deux guerres mondiales. C'est peu dire que les vestiges de son turbulent passé sont maigres. Et pourtant, dès la fin du XVIIIème, son destin sera irrémédiablement lié au vin de champagne. On creusera sous la ville 110 km de caves dans ces carrières crayeuses pour abriter le précieux breuvage. Presqu'autant que le tracé des rues d'Épernay, 130 km ! Au-dessus, les plus grands négociants - pour majorité d'origine allemande - installent leur hôtels particuliers sur plus d'un kilomètre sur la route reliant Paris à l'Allemagne : l'avenue de Champagne était née. Le Château Perrier et son style Renaissance qui servit tour à tour de QG aux armées britanniques, allemandes puis américaines ; la maison Gallice qui valut à son architecte Charles Blondel le prix de Rome en 1896. Elle possède un élégant jardin à l'anglaise et un superbe vitrail signé Grüber. Et que dire du charmant théâtre à l'italienne Gabrielle-Dorziat - du nom d'une célèbre comédienne sparnacienne ? Quant à l'hôtel de ville, trônant au cœur d'un très beau parc, il s'agit de l'ancienne propriété de la famille Auban-Moët. Ce parc s'inspirant en partie des jardins du château de Versailles est d'ailleurs classé Jardin remarquable . Un titre dont s'enorgueillit également le jardin de l'Horticulture. Créé en 1873, il présente notamment une sublime roseraie. Nature, toujours champagne, encore ; à Mancy, deux viticulteurs ont imaginé un parcours complet au départ d'Epernay pour faire partager leur passion et leur savoir : arrêts dans les parcelles de vigne pour découvrir la taille, le palissage, et, en période de vendanges, le pressurage, avant de passer à la cave et de goûter quelques bulles. À compléter par la visite du musée des Métiers du champagne superbement mis en scène par la maison de Castellane. Parce que l'abus de connaissance n'est pas dangereux.