Ce château vous rappelle quelque chose ? Moulinsart, certainement. Normal, Hergé s'est inspiré des lignes de Cheverny pour figurer la demeure du capitaine Haddock. Mais, tonnerre de Brest, l'histoire de cette propriété seigneuriale ne débute pas en 1942, lors de sa première apparition dans le Secret de la Licorne ! Avant d'être le port d'attache de Tintin , c'est celui d'une famille, la même depuis plus de six siècles ! En effet, le marquis et la marquise de Vibraye descendent des Hurault, financiers au service des rois de France qui eux aussi, succombèrent à la douceur de la vallée de la Loire. L'histoire des lieux débute avec l'autorisation donnée par Louis XII à Raoul Hurault d'édifier sur ses terres un château fortifié. Elle continue avec les vicissitudes habituelles liées à la proximité du pouvoir : pendaisons, répudiations, maîtresses (dont Diane de Poitiers, tout de même !) et autres drames avant que Philippe Hurault retrouve « ses » terres en 1565. Son fils Henri se lance vers 1625 dans la construction du château actuel, confiée à l'architecte Boyer de Blois, qui utilise la pierre de Bourré (Loir-et-Cher ). Elle a la particularité de blanchir et durcir en vieillissant, ce qui explique la blancheur des façades. Le décor intérieur de ce « palais enchanté » (selon la Grande Mademoiselle) est signé de Jean Monier, retour d'Italie où Marie de Médicis l'avait envoyé parfaire son talent. Cheverny a été un des premiers châteaux à s'ouvrir au public en 1922. Toujours habité, il présente des pièces de mobilier remarquables, notamment dans les appartements du premier étage avec la chambre des naissances, le boudoir rouge, la chambre d'enfant, la chambre des mariés, la salle à manger et le petit salon. On s'attarde devant une tapisserie des Gobelins du XVIIème siècle, une commode Boulle, un régulateur Louis XV ou un beau lit à baldaquins orné de broderies persanes du XVIème siècle. C'est aussi le parc de 100 hectares qui nous enchante avec ses essences rares, son jardin contemporain et son potager.