Comme le disait Joe Dassin, il se passe toujours quelque chose aux Champs-Élysées, de midi à minuit les vitrines brillent, les terrasses des restaurants s'animent et les badauds déambulent dans un ballet incessant tandis que les files des cinémas s'allongent. Mais c'est sa magnifique perspective qui en fait une avenue unique au monde. C'est sans doute lors des défilés du 14 juillet que la beauté des Champs-Élysées s'affiche aux yeux du plus grand nombre. Vue du ciel, sa perspective de 7 km, de l'Arche de la Défense au Palais du Louvre est incomparable. C'est vraiment la plus belle avenue du monde ! Voulus par Colbert, le ministre des Finances de Louis XIV, pour embellir le Palais des Tuileries, les Champs-Élysées ont longtemps gardé leur aspect champêtre, avec des plantations de blé et d'avoine, tout en ayant déjà, à leur création, ce grand axe central, créé par Le Nôtre qui entreprit, dès 1668, la plantation de rangées d'arbres, des deux côtés, pour le délimiter. D'abord appelée la grande allée du Roule (1670), puis l'avenue des Tuileries 10 ans plus tard, l'avenue n'a pris le nom de Champs-Élysées qu'à la Révolution en 1789. Leur aspect n'a ensuite pas beaucoup changé jusqu'à la moitié du XIXème siècle. C'est sous le Consulat, puis l'Empire, qu'ils sont devenus ce lieu de promenade très prisé par la bourgeoisie. Sous la direction de l'architecte Hittorff, puis du baron Haussmann, leur physionomie va changer entre 1836 et 1858 pour devenir peu à peu l'avenue chic et policée que nous connaissons actuellement. En effet, l'aménagement des allées va amener les riches industriels et les financiers, en pleine phase de prospérité, à investir les lieux en construisant des hôtels particuliers, des palaces et des résidences magnifiques. L'argent appelant l'argent, les restaurants, les salles de spectacles, les théâtres, les cirques et autres animations vont venir les rejoindre dans le bas de l'avenue, le quartier du rond-point des Champs-Élysées étant le plus animé à l'époque. C'était l'endroit où il fallait se montrer et où il fallait voir. Imaginez que jusqu'en 1940, des centaines de sièges étaient loués aux badauds pour qu'ils puissent regarder passer leurs semblables ! L'arrivée des commerces va transporter l'activité dans la portion supérieure, entre le Rond-Point et l'Arc de Triomphe, mais les théâtres et les grands restaurants comme Ledoyen, installés dans les jolis pavillons perdus dans la verdure, continuent à attirer le beau monde. Cette partie des Champs-Élysées, avec l'espace Cardin, le Grand Palais, le palais de la Découverte et le Petit Palais forment un ensemble culturel magnifique, et un agréable lieu de promenade. Un petit parc permettant d'y rester avec les enfants. Alors aujourd'hui que faire sur les Champs-Élysées ? (dites 'Les Champs'). Les boutiques bien sûr, les enseignes les plus prestigieuses ayant leur vitrine sur l'avenue. Alors, de la mode à la parfumerie, en passant par la voiture, la bijouterie et l'alimentation, tout ce qui se vend de luxueux se trouve sur les Champs. Mais il ne faudrait pas pour autant en oublier de regarder les belles façades du XIXème qui surplombent les boutiques, comme celle de Guerlain (n°68), avec ses élégants balcons en fer forgé, ou au n°74 celle de la galerie du Claridge. Si plusieurs passages percent l'avenue, côté numéros pairs, peu sont ceux qui méritent le détour comme celui du Lido (au n°78) avec son superbe décor Art Déco. En face, place aux fastes d'aujourd'hui avec le nouvel hôtel Barrière, le Fouquet's, et, de l'autre côte de l'avenue George V, l'imposant temple du luxe érigé par Vuitton. Tout en haut des Champs-Élysées, les grandes baies vitrées du joaillier Cartier font face à un des piliers de l'avenue, le Drugstore Publicis, qui connait une deuxième jeunesse avec une nouvelle architecture mais sans abandonner le même concept novateur de 1958 : proposer sur un même lieu une multitude de services. On y trouve une pharmacie, un espace presse internationale, une librairie, un cinéma, une cave à vins, une cave à cigares, un restaurant gastronomique mené par Joël Robuchon (2 étoiles), une brasserie, une épicerie, de la mode, des produits de beauté… Comme un condensé des Champs en un seul endroit. Enfin, impossible de quitter les Champs-Élysées sans visiter l'Arc de Triomphe. De son sommet, on embrasse tout Paris, à commencer par cette magnifique avenue ! Et de là-haut, comment ne pas louer le génie des hommes qui ont su transformer en beauté ce qui n'était, en partie, qu'un marais insalubre ?