Parc et jardin Gilles de Trèves

Ville-sur-Saulx est un village perché linéaire dominant la charmante vallée de la Saulx, ancienne frontière historique entre la France et la Lorraine. Ici fut édifié le château Gilles de Trèves avec un parc au charme particulier dû à la proximité d’une cascade de la Saulx. Après être passé sous la tour-porche, le visiteur découvre la maison des champs (1555), curieuse bâtisse Renaissance carrée au toit d’ardoises, de 20 mètres de côté, avec des échauguettes, des fenêtres alignées, et dont l’architecte présumé est Ligier Richier (v. 1500-1567). Grand ami de Montaigne, Gilles de Trèves (?-1582), doyen de la collégiale Saint-Max de Bar-le-Duc, chanoine cultivé, licencié en droit, garde des sceaux, homme de confiance des ducs de Lorraine, a fait sa fortune dans les salines et carrières de la Saulx (« pierre de Saint-Dizier ») et grâce à son moulin à papier (la plus ancienne papeterie de Lorraine). Passionné de botanique, il plante dans son parc des essences exogènes comme l’if. Cet enrichissement arboré se poursuivra avec les différents propriétaires au fil des siècles comme les de Beurges à la fin du XVIIIe siècle, qui rapportèrent de la guerre d’indépendance américaine un tulipier de Virginie. Ce Liriodendron tulipifera bicentenaire est aujourd’hui une des curiosités du parc. Son actuel propriétaire, Didier Misler, est un autre passionné. Avec ses arbres rares, ce lieu est considéré par les spécialistes en la matière comme le musée des espèces lorraines autochtones. De nouvelles acquisitions permettent un enrichissement de ce patrimoine botanique : Meta-sequoia, Cryptomeria, Juniperus de Lorraine. Le potager est notamment à découvrir pour ses iris et ses 400 pivoines herbacées et arbustives, mais la fierté du propriétaire est sans aucun doute la collection nationale de seringats (150 variétés) à découvrir au moment des floraisons pour profiter de ses parfums. Ce parc, preuve vivante de la renommée de l’horticulture lorraine, demeure propice à l’inspiration, à l’instar du poète Paul Claudel qui écrivit ici « Le partage de midi » (1905) et dont la famille fut un temps propriétaire du château.