Elles étaient deux sœurs jumelles, mi fa sol la mi ré, qui rêvaient de quitter Rochefort. Gageons que ça ne serait plus le cas. Car depuis 1966, date de sortie du film de Jacques Demy, la cité charentaise a bien changé ! D'ailleurs, Pierre Loti qui rêvait d'horizons lointains était revenu près de son arsenal vivre heureux, dans une maison qui incarne toutes les architectures du monde. Rappel historique. En 1666, le roi Louis XIV ambitionne de créer le plus grand et le plus bel arsenal du Ponant. C'est l'époque où on guerroie régulièrement avec l'Anglais, alors il faut un site proche de la mer et abrité. Il opte pour une boucle de la Charente, plutôt marécageuse, dans la province d'Aunis. C'est parti pour la construction d'un arsenal avec quatre formes de radoubs formidables, de plusieurs forts pour le protéger sur la côte (dont le célèbre Fort Boyard ) et d'une ville au plan orthogonal, très « moderne ». Il en résulte un patrimoine riche, qui justifie son classement 'Ville d'art et d'histoire'. Après le départ de la Marine Nationale, les somptueux bâtiments de l'arsenal ont été restaurés pour accueillir le public et des institutions en lien avec les atouts locaux : musée de la Marine, Centre International de la Mer, Conservatoire du Littoral, Ligue pour la Protection des animaux, salle de concerts (dans les poudrières) et même un hôtel (dans l'ancien magasin des colonies). La reconversion de la ville en pôle touristique s'appuie sur une vie culturelle animée , des fonctions économiques dynamiques, un port de commerce toujours actif et une station thermale créée sous Napoléon 1er. Le respect de l'héritage se manifeste par une charte architecturale efficace et par le maintien du dernier pont transbordeur de France. Autre effet du dynamisme rochefortais : la reconstruction à l'identique d'un navire symbole, l'Hermione, frégate de La Fayette. Après le régal des yeux, on s'offre des huîtres ? Ou une mouclade au pineau des Charentes ? Un tour au marché vous donnera plein d'idées savoureuses.