Les skieurs connaissent la belle Cerdagne, autour de Font-Romeu . Mais sa version sans sports d'hiver déploie aussi ses charmes. Une vingtaine de villages ramassés, préservés des constructions résidentielles, semble posée depuis l'éternité autour de Dorres. Dans cette Cerdagne plus authentique, insérée dans le Parc Naturel Régional des Pyrénées Catalanes, le granit façonné par l'homme est une marque de fabrique. Une zone isolée ? Au contraire, l'Europe est là, à 5 minutes de l'Espagne et 15 minutes de la principauté d'Andorre. Quelques kilomètres de montée depuis la commune frontalière de Bourg-Madame, et Dorres apparaît, puis la vue se dégage sur les montagnes. Ce concentré de Cerdagne a ses rues étroites et ses vieilles maisons imbriquées. Les fermes, granges et abreuvoirs endormis sont jalousement préservés en mémoire des troupeaux et des bergers d'autrefois. Les alpages rejoignent le pied du pic Carlit, à 2 920 mètres. Dorres a sa portion de GR 10 et de nombreux autres chemins de randonnée. Mais elle est surtout connue pour ses eaux chaudes à 38°C, déjà exploitées par les Romains. On y accourt en couple ou en famille, après une journée sur les pistes ou les sentiers balisés. L'existence est souvent tournée vers Puigcerdà, capitale de la Cerdagne espagnole. Le contraste est saisissant lorsqu'on traverse la limite invisible France-Espagne : franchie la rivière Raür, l'ambiance campagnarde devient brusquement urbaine, propice au shopping. Les franchises d'habillement internationales et autres commerces de Puigcerdà regorgent de Français. Ceux du Pas-de-la-Casa andorran encore davantage, avec des embouteillages. Cette région profondément rurale profite à l'énergie solaire expérimentale : la visite des sites photovoltaïques est familiale, tout comme celle des sites géologiques. En version patrimoine, à Ur, Enveitg ou Llívia, toutes les églises sont romanes. Celle de Dorres abrite une vierge noire du XIème siècle , qui rappelle le christianisme primitif. Identité, racines ? Cela coule de source.